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nord contre sud.

Il s’agissait évidemment là du messager qui avait apporté la lettre du jeune lieutenant. Les espions de Texar ne s’y étaient point trompés. Cette fois, l’accusation était précise, et l’on attendait, non sans inquiétude, quelle serait la réponse de James Burbank.

Celui-ci n’hésita pas à faire connaître ce qui n’était, en somme, que la stricte vérité :

« En effet, dit-il, à cette époque, un homme est venu à Camdless-Bay. Mais cet homme n’était qu’un messager. Il n’appartenait point à l’armée fédérale, et apportait simplement une lettre de mon fils…

— De votre fils, s’écria Texar, de votre fils qui, si nous sommes bien informés, a pris du service dans l’armée unioniste, de votre fils, qui est peut-être au premier rang des envahisseurs en marche maintenant sur la Floride ! »

La véhémence avec laquelle Texar prononça ces paroles ne manqua pas d’impressionner vivement le public. Si James Burbank, après avoir avoué qu’il avait reçu une lettre de son fils, convenait que Gilbert se trouvait dans les rangs de l’armée fédérale, comment se défendrait-il de l’accusation de s’être mis en rapport avec les ennemis du Sud ?

« Voulez-vous répondre aux faits qui sont articulés contre votre fils ? demanda le magistrat.

— Non, monsieur, répliqua James Burbank d’une voix ferme, et je n’ai point à y répondre. Mon fils n’est point en cause, que je sache. Je suis seulement accusé d’avoir eu des intelligences avec l’armée fédérale. Or, cela, je le nie, et je défie cet homme, qui ne m’attaque que par haine personnelle, d’en donner une seule preuve !

— Il avoue donc que son fils se bat en ce moment contre les confédérés ? s’écria Texar.

— Je n’ai rien à avouer… rien ! répondit James Burbank. C’est à vous de prouver ce que vous avancez contre moi !

— Soit !… Je le prouverai ! répliqua Texar. Dans quelques jours, je serai en possession de cette preuve que l’on me demande, et quand je l’aurai…

— Quand vous l’aurez, répondit le magistrat, nous pourrons nous pro-