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Page:Verne - Onze jours de siège.djvu/16

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Et, le pis, c’est que j’ai épuisé l’indulgence des conseils de discipline ! Impossible, maintenant, d’aller à cette soirée !

Roquefeuille

Allons donc !

Maxime

Oh ! pour moi, j’y renonce bien volontiers !

Robert

Ce n’est pas que j’y tienne plus que de raison ; car la perspective d’une nuit passée côte à côte avec mon bottier et mon tailleur, n’a rien de vraiment réjouissant.

Roquefeuille

C’est même dur, un lit de camp !

Robert

Que le diable les emporte ! Je n’irai pas !

Roquefeuille

Et la prison ?

Robert

C’est vrai, la prison ! Ah ! si je le tenais, ce tambour !

Roquefeuille

Tu battrais le tambour ?

Robert

Et, ce qui est plus irritant encore, c’est que, pour cette maudite soirée à laquelle je ne puis plus aller, je me suis presque fâché avec ma femme !

Maxime

Comment ! tu en es déjà aux discussions avec madame Maubray ?

Roquefeuille

S’il en est là, parbleu ! Où veux-tu qu’il en soit ? Vous vous mariez, voilà ce que c’est ! De grands enfants qui ne se jetteraient pas à l’eau sans savoir nager, et qui se précipitent tête baissée dans le gouffre du mariage ! Vous étudiez dix ans pour être ingénieur des ponts et chaussées, médecin ou pianiste, et vous voulez deviner, sans l’apprendre, cet art bien autrement difficile… être heureux en ménage !… heureux en ménage !

Maxime

Toujours la même note !

Roquefeuille

Mais, ignorants ! ânes bâtés que vous êtes !… savez-vous qu’un physiologiste allemand a publié un ouvrage rien que sur les devoirs conjugaux, et qu’il a douze volumes ?

Maxime

Un vrai dictionnaire !

Roquefeuille

Oui, un dictionnaire depuis A, amour ! jusqu’à Z, zéro ! Tout le mariage est là !

Robert