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Page:Verne - Onze jours de siège.djvu/18

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Alors, mon cher, ne va pas monter ta garde, tu n’es pas Français.

Robert

Quelle plaisanterie ! Suis-je Parisien ?

Roquefeuille

Tu es Parisien, parce que tu es né à Paris, c’est évident ; mais tu es Anglais, parce que ton père était Anglais au moment de ta naissance. Tu es un Anglais-Parisien, voilà tout, ou un Parisien-Anglais, comme tu voudras, cela m’est égal !

Maxime

Tu vois, tu consultes la loi, et la loi te répond !

Robert

Cependant…

Roquefeuille

Ah ! je te comprends ! Il te semble étrange qu’un moutard de deux ans ait une personnalité aussi définie ; mais le père qui a le droit de lui donner le fouet, n’a pas le droit de lui donner sa nationalité… Voilà !

Robert

Tiens, tiens ! Cela me fait un drôle d’effet !… je suis Anglais… me voilà Anglais !

Roquefeuille

Perfectly well ! sir !

Robert

Cela ne me change pas.

Maxime

Fais voir ?

Roquefeuille

Fais voir ? Tu as absolument la même tête ; seulement, tu ne seras plus électeur en France, ni juré, ni garde national.

Maxime, appuyant.

Ni garde national !

Robert

Je ne suis plus garde national ! je ne monte plus ma garde ! Vive John Bull ! Un grognement pour John Bull !

Roquefeuille

Je connais pas ton John Bull.

Robert

Ça ne fait rien… Hourra ! hourra ! (Tout trois crient.)

Maxime

Stope ! stope !

Roquefeuille

Ah ! mari, va ! si tu n’es pas Français, tu es bien digne de l’être !

Robert

Ma femme ! Tiens, au fait, maintenant que je suis Anglais… Est-ce qu’elle est Anglaise, elle ?

Roquefeuille

Chut !