Aller au contenu

Page:Verne - Onze jours de siège.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ie|c}}

N’est-ce pas une mystification de cet affreux notaire ? Il est capable de tout.

Laurence

Hélas ! non !

Léonie

Et voilà huit grands jours que cela dure ?

Laurence

Huit jours !

Léonie

Et ton mari ne sait rien ?

Laurence

Rien.

Léonie

Pourquoi ne lui avoir pas tout avoué ?

Roquefeuille

Je l’avais conseillé… mais…

Laurence

Je n’ai pas osé.

Léonie

Pourquoi ?

Laurence

Le soir où Roquefeuille m’apprit le fatal secret, Robert devait passer la nuit dehors. Je comptais donc avoir quelques heures pour réfléchir à mon étrange position et aux nouveaux devoirs qu’elle m’imposait, quand j’entendis la voix de mon mari ; ma première, ma seule idée alors fut de me précipiter dans ma chambre et de m’y barricader.

Léonie

Ah !

Roquefeuille, à part.

Et dire que Robert n’a pas enfoncé la porte !… Maladroit ! la violence avec sa femme, c’eût été délicieux !

Laurence

Mon Dieu ! après avoir frappé plusieurs fois, voyant que je ne répondais pas, il prit le parti de se retirer. Pour moi, je ne fermai pas l’œil de la nuit ; les idées les plus folles se succédèrent dans ma tête, et je n’avais pu encore voir clair dans ce chaos lorsque le jour vint. Je me levai ne sachant quel parti prendre, confiant presque ma destinée au hasard ou à l’inspiration du moment. Je rencontrai Robert, et déjà mon secret montait à mes lèvres, quand son air froid et sévère l’arrêta. M’avait-il gardé rancune de mes torts de la veille ? m’en voulait-il de ma porte fermée à son retour ? Je ne sais ; mais en le trouvant si froid, si sévère… je demeurai tremblante, mon cœur se serra… je ne vis que dangers à parler ! Je gardai mon secret, et, depuis ce moment, chaque jour augmente mon embarras et diminue mon courage !

Léonie