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Page:Verne - Onze jours de siège.djvu/32

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Mais que crains-tu ?

Laurence

Que sais-je ? Tu connais mon mari ; il n’est ni meilleur ni plus mauvais qu’un autre, bien qu’il ait des idées un peu créoles sur les choses de ce monde… Mais, dites à la plupart des maris, après trois ans de mariage : Vous êtes libres !

Roquefeuille

Ah ! quelle course ! Quel sauve-qui-peut !

Léonie

Monsieur exagère. Beaucoup reprendraient le chemin de la mairie.

Roquefeuille

Oui… avec d’autres femmes !…

Laurence, à Léonie.

Tu vois comme il est rassurant ! Et il a peut-être raison, ma chère. Robert m’aime, je le crois… il est homme d’honneur, j’en suis sûre ; mais, après trois ans, le mariage n’est-il pas comme un arbre qui a donné toutes ses fleurs, tous ses fruits… et que l’on voit tomber sans regrets ? Pourquoi risquer tout mon bonheur sur un mot ?

Léonie

Mais ce silence ne peut toujours durer. Quelle sera la fin de cette comédie ?

Roquefeuille

La fin de toutes les comédies, un mariage !

Laurence

Voici ce que Roquefeuille m’a conseillé… Taire mon secret pendant onze jours.

Léonie

Onze jours !… Le temps nécessaire…

Roquefeuille

Aux publications, oui… et, pendant ce temps, me laisser faire les démarches, fournir les papiers, afficher les bans, etc. Le maire de notre arrondissement est mon ami, ce qui simplifie bien les choses.

Léonie

Et le onzième jour ?…

Roquefeuille

Le onzième jour, conduire Robert à la mairie, sous un prétexte quelconque, toujours sans lui rien dire, et là… brusquement, lui apprendre la vérité.

Léonie

Comme cela, tout à coup ?

Roquefeuille

Vlan !

Léonie

Quel avantage ?

{{Personnage|Roquefeui