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Page:Verne - Onze jours de siège.djvu/8

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ONZE JOURS DE SIÉGE


Scène IV

Laurence

Non… il s’éloigne !… (Écoutant.) Il est parti !… C’est la première fois qu’il ne revient pas m’embrasser et me demander pardon. J’ai peut-être été trop sévère aussi ? Si je l’appelais ?… Il est trop loin… Et puis, enfin, c’est lui qui a tort, ce n’est pas moi ! Me laisser seule !… une soirée entière ! Oh ! si l’on m’avait dit cela il y a un an seulement ! Et pourtant j’aurais dû me douter que la troisième année de ménage serait difficile à traverser, les deux autres étaient si douces… cela ne pouvait pas durer ! (Entendant ouvrir.) Qu’est-ce que c’est ? je n’y suis pour personne !


Scène V

Laurence, Roquefeuille.
Roquefeuille

Pas même pour votre vieil ami Roquefeuille ?

Laurence

Ah ! excepté pour lui ! (Elle lui tend la main.)

Roquefeuille

Merci de la faveur ! Mais permettez à l’élu de protester pour les réprouvés : une jolie femme n’a pas le droit de fuir ainsi le monde, et de se dérober à l’admiration de tous. Voici pour moi ! (Il lui tend la main.) Et voici pour les autres ! (Il baise l’autre à plusieurs reprises.)

Laurence, retirant sa main.

Eh bien, eh bien ! encore ?

Roquefeuille, continuant.

Dame ! il y a foule !

Léonie

Vous êtes galant, ce soir, mon cher notaire !

Roquefeuille

Ah ! voilà un mot qui fait sur moi l’effet de la glace ! Ne m’appelez pas notaire, si vous appréciez quelque peu ma galanterie. Est-ce que je ressemble à un notaire ? Maxime devait me prendre ici, où est-il ?

Laurence

Il n’y est pas.

Roquefeuille

Et Robert ?

Laurence

Il n’y est plus.

Roquefeuille