coups de fouet, lorsqu’il s’arrêtait, n’ayant plus la force de se mouvoir dans sa cage !…
« L’enfant… l’enfant !… » cria-t-on énergiquement.
Thornpipe avait affaire à trop forte partie. Il voulut résister toutefois et pousser sa charrette par derrière… Ce fut en vain. Le boulanger la saisit d’un côté, le droguiste de l’autre, et elle fut secouée de la belle façon. Jamais la cour royale ne s’était trouvée à pareille fête, les princes heurtant les princesses, les ducs renversant les marquis, le premier ministre tombant et provoquant avec lui la chute du ministère, — bref, un cahot tel qu’il se produirait au château d’Osborne, si l’île de Wight était agitée par un tremblement de terre.
On eut vite fait de contenir Thornpipe, bien qu’il se débattît furieusement. Tous s’en mêlèrent. La charrette fut fouillée, le droguiste se glissa entre les roues, et retira un enfant de la caisse…
Oui ! un petiot de trois ans environ, pâle, souffreteux, malingre, les jambes zébrées d’écorchures par la mèche du fouet, respirant à peine.
Personne ne connaissait cet enfant à Westport.
Telle fut l’entrée en scène de P’tit-Bonhomme, le héros de cette histoire. Comment il était tombé entre les mains de ce brutal, qui n’était point son père, il eût été malaisé de le savoir. La vérité est que le petit être avait été ramassé, neuf mois avant, par Thornpipe dans la rue d’un hameau du Donegal, et l’on voit à quoi le bourreau l’avait employé.
Une brave femme venait de le prendre entre ses bras, elle essayait de le ranimer. On se pressait autour de lui. Il avait une figure intéressante, intelligente même, ce pauvre écureuil réduit à faire tourner sa cage sous la boîte aux marionnettes pour gagner sa vie. Gagner sa vie… à cet âge !
Enfin il rouvrit les yeux, et se rejeta en arrière, dès qu’il aperçut Thornpipe, qui s’avançait avec l’intention de le reprendre, criant d’une voix irritée :
« Rendez-le moi !…