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p’tit-bonhomme.

— C’est vrai… une si aimable personne… Mais ça ne nuit pas pour monter un ménage… Aussi, notre jeune maître ne tardera-t-il pas à trouver…

— Il a què’qu’un en vue ?…

— Je le crois.

— Què’qu’un qui vient souvent à c’bazar ?…

— Assez souvent.

— Je l’connais ?…

— Non… il paraît que vous ne le connaissez pas ! répondit Kat, en regardant Grip qui baissait les yeux.

— Et… c’què’qu’un… plaît à mam’zelle Sissy ? demanda-t-il, la voix altérée, les mots lui restant dans la gorge.

— Dame… on ne sait trop… Avec des individus qui ne se décident pas à se prononcer…

— Mon Dieu, qu’y a d’gens bêtes ! dit Grip.

— C’est mon avis ! » répondit la bonne Kat.

Et cette réponse, directement envoyée au chauffeur, ne l’empêcha pas de repartir le 15 septembre, huit jours après. Enfin lorsqu’il revint le 29 octobre suivant, il fut manifeste qu’il avait pris une grande résolution ; seulement, il se garda bien de la formuler.

Il avait le temps, en résumé. Le Vulcan allait rester deux mois au moins à son port d’attache. D’importantes réparations avaient été jugées nécessaires, sa machine à modifier, ses chaudières à changer. Il était probable que les yeux de Grip avaient trop dégagé de calorique pendant ce dernier voyage, car les tôles avaient reçu deux ou trois coups de feu.

Deux mois, c’est plus qu’il ne faut, surtout quand on n’a qu’un mot à prononcer.

« Mam’zelle Sissy n’est pas mariée ? avait-il demandé à Kat, en entrant dans le comptoir.

— Pas encore, mais ça ne tardera guère… ça brûle ! » avait répondu la bonne femme.

Il va sans dire, n’est-ce pas, que, du moment que le Vulcan était