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Page:Verne - P’tit-bonhomme, Hetzel, 1906.djvu/57

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p’tit-bonhomme.

V

encore la ragged-school.


En rentrant à l’école, Grip crut devoir attirer l’attention de M. O’Bodkins sur la conduite de Carker et des autres. Ce ne fut point pour parler des tours qu’on lui jouait et dont il ne s’apercevait même pas la plupart du temps. Non ! il s’agissait de P’tit-Bonhomme et des mauvais traitements auxquels il était en butte. Cette fois, cela avait été poussé si loin que, sans l’intervention de Grip, il y aurait maintenant un cadavre d’enfant que les lames rouleraient sur la grève de Salthill.

Pour toute réponse, Grip n’obtint qu’un hochement de tête de M. O’Bodkins. Il aurait dû le comprendre, c’étaient de ces choses qui ne regardent point la comptabilité. Que diable ! le grand-livre ne peut avoir une colonne pour les taloches et une autre pour les coups de pied ! Cela ne saurait pas plus s’additionner, en bonne arithmétique, que trois cailloux et cinq chardonnerets. Sans doute M. O’Bodkins avait comme directeur le devoir de s’inquiéter des agissements de ses pensionnaires ; mais, comme comptable, il se borna à envoyer promener le surveillant de l’école.

À partir de ce jour, Grip résolut de ne plus perdre de vue son protégé, de ne jamais le laisser seul dans la grande salle, et, quand il sortait, il prenait soin de l’enfermer au fond de son galetas, où du moins l’enfant se trouvait en sûreté.

Les derniers mois de l’été s’écoulèrent. Septembre arriva. C’est déjà l’hiver pour les districts des comtés du nord, et l’hiver de la