Page:Verne - Premier et second carnets de poèmes, 1847.djvu/28

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Insensible à l’amour, aux pleurs, à la prière,
Resserré, plein, compact, comme un corps bien battu,
Il ne résonne pas au choc de la vertu.

Oui, ce chemin joyeux nous conduit à la honte,
Jamais le voyageur trompé ne le rencontre
Une fois engagé, d’un aiguillon fatal
Le destin pousse, excite, et précipite au mal ;
Et d’ailleurs, la richesse à marcher nous engage
Le coeur se fait à tout ; plus le but du voyage
Approche, plus les yeux, plus l’âme, plus le coeur
Se sont accoutumés à voir le déshonneur !
Un pas précède un pas, graduant sa misère
L’aveuglement saisit, et l’âme s’oblitère
Perd tous les sentiments qu’en naissant, dans son sein
Le hasard enferma de son aveugle main !
Cet état insensible d’une âme subtile< !
Le chemin est si doux, la route est si facile,
les coteaux sont riants, et le contentement
[Embrasse] tout entier, vous saisit tellement,
Qu’une fois arrivé dans la fatale pleine,
Vous ne connaissez plus le destin qui vous mène !
Vous touchez sans penser ! Vous êtes en ces lieux