Page:Verne - Premier et second carnets de poèmes, 1847.djvu/29

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Comme un homme aveugle qui tomberait des cieux,
Vous avez oublié le départ du voyage,
Et dans cet état simple où votre être entier nage,
Vous relevez souvenance en votre esprit content
d’ancien chemin premier ; pour vous les jours, le temps
Commençent à rouler des moments uniformes
Et vous ne vivez plus, et toutes les réformes
les changements subits, boulversements affreux
qui brisent par leur chocs et la terre et les cieux
Ne frappent pas votre âme, et de leur existence
Vous n’avez souvenir ; comme à votre naissance
Vous êtes revenu ! — mais alors homme fait
De la fatalité trop dangereux effet
Comment renaître au monde, et comment de votre être,
diriger les écarts, vous n’êtes plus le maître !
Le destin a conduit vos pas, et tout est dit !
Que votre nom plus tard soit funeste et maudit
Qu’il boulverse la terre et les cieux et les ondes,
qu’il entasse en riant les mondes sur les mondes
qu’il couvre l’univers de tristes orphelins,
Qu’importe ! allez toujours ! maudits soient les destins !

Voila donc cette route, et voila du voyage