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Page:Verne - Premier et second carnets de poèmes, 1847.djvu/59

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D’un mouvement égal une abondante sève,
Que le cœur rayonnant confiant et joyeux,
Le moissonneur distrait laissé arrêter ses bœufs,
Et l’œil plein d’un plaisir doux, muet mais sans bornes,
S’appuie indolemment à leurs paisibles cornes,
Le gai ménétrier sur le bord du chemin
N’ayant aucun souci d’hier, ni de demain,
Enfle et presse à la fois son aigre cornemuse ;
Un paysan à la danse unit l’adroite ruse,
De la serpe tranchante, il s’entoure en chantant
La tourne et la brandit, sûr de son mouvement ;
Cependant sur le char, joyeuses, plus tranquilles,
Les femmes à l’œil doux, aux sourires mobiles
Soutiennent leurs enfants qui regardent ces jeux ;
L’horizon est vermeil, et les cœurs sont heureux.
Puis après un moment la marche recommence
Pour s’arrêter encor et reprendre la danse ;
Le lendemain matin, content, frais, et dispos,
Le laboureur revient à ses féconds travaux.

Puis l’automne à son tour règne sur la campagne
De ses raisins vermeils il couvre la montagne
Met ses fruits doux et murs aux arbres surchargés