Page:Verne - Robur le conquérant, Hetzel, 1904.djvu/57

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Cependant, quand Uncle Prudent eut fait sonner sa montre à répétition, ― chef-d’œuvre qui provenait de l’usine même de son collègue, ― le petit timbre n’indiqua que trois heures moins le quart, bien que la montre ne se fût point arrêtée.

« Bizarre ! dit Phil Evans. À trois heures moins le quart, il devrait encore faire nuit.

― Il faudrait donc que ma montre eût éprouvé un retard… répondit Uncle Prudent.

― Une montre de la Walton Watch Company ! » s’écria Phil Evans.

Quoi qu’il en fût, c’était bien le jour qui se levait. Peu à peu, la meurtrière se dessinait en blanc dans la profonde obscurité de la cellule. Cependant, si l’aube apparaissait plus hâtivement que ne le permettait le quarantième parallèle, qui est celui de Philadelphie, elle ne se faisait pas avec cette rapidité spéciale aux basses latitudes.

Nouvelle observation de Uncle Prudent à ce sujet, nouveau phénomène inexplicable.

« On pourrait peut-être se hisser jusqu’à la meurtrière, fit observer Phil Evans, et tâcher de voir où on est ?

― On le peut », répondit Uncle Prudent.

Et, s’adressant à Frycollin :

« Allons, Fry, haut sur pied ! »

Le nègre se redressa.

« Appuie ton dos contre cette paroi, reprit Uncle Prudent, et vous, Phil Evans, veuillez monter sur l’épaule de ce garçon, pendant que je contrebuterai afin qu’il ne vous manque pas.

― Volontiers, » répondit Phil Evans.

Un instant après, les deux genoux sur les épaules de Frycollin, il avait ses yeux à la hauteur de la meurtrière.

Cette meurtrière était fermée, non par un verre lenticulaire comme celui d’un hublot de navire, mais par une simple vitre. Bien qu’elle ne fût pas très épaisse, elle gênait le regard de Phil Evans, dont le rayon de vue était excessivement borné.