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sans dessus dessous.

dans leur quiétude ! Aussi, à mesure que s’approchait la date fatale, l’épouvante gagnait-elle les plus braves. Les prédicateurs avaient beau jeu pour prédire la fin du monde. On se serait cru à cette effrayante période de l’an 1000, alors que les vivants s’imaginèrent qu’ils allaient être précipités dans l’empire des morts.

Que l’on se souvienne de ce qui s’était passé à cette époque. D’après un passage de l’Apocalypse, les populations furent fondées à croire que le jour du jugement dernier était proche. Elles attendaient les signes de colère, prédits par l’Écriture. Le fils de perdition, l’Antéchrist, allait se révéler.

« Dans la dernière année du Xe siècle, raconte H. Martin, tout était interrompu, plaisirs, affaires, intérêts, tout, quasi jusqu’aux travaux de la campagne. Pourquoi, se disait on, songer à un avenir qui ne sera pas ? Songeons à l’éternité qui commence demain ! On se contentait de pourvoir aux besoins les plus immédiats ; on léguait ses terres, ses châteaux aux monastères pour s’acquérir des protecteurs dans ce royaume des cieux où on allait entrer. Beaucoup de chartes de donations aux