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seconde patrie.

Le tour de l’écueil achevé, l’Élisabeth obliqua vers le sud, de manière à ranger d’assez près le cap de l’Est. M. Zermatt manœuvra prudemment toutefois, car une des pointes se projetait vers le large au milieu des récifs.

Trois quarts d’heure après, au delà de cette pointe, qui marquait très probablement l’extrémité orientale de la Nouvelle-Suisse, la pinasse put suivre les contours du littoral à la distance d’une demi-lieue, en recevant le vent du nord-ouest par-dessus la terre.

Au cours de cette navigation, M. Zermatt eut à constater de nouveau quel aride aspect présentait la côte orientale de l’île. Pas un arbre sur les falaises, pas trace de végétation à leur base, pas un ruisseau affluant entre les grèves nues et désertes. Rien que des roches uniformément calcinées par le soleil. Quel contraste avec les verdoyants rivages de la baie du Salut, et leur prolongement jusqu’au cap de l’Espoir-Trompé !

Et M. Zermatt de dire :

« Si, après le naufrage du Landlord, nous étions arrivés sur cette côte de l’est, que serions-nous devenus, et comment aurions-nous trouvé à vivre ?…

– La nécessité, répondit M. Wolston, vous eût obligés à gagner l’intérieur… En contournant la baie du Salut, vous auriez certainement atteint l’emplacement où fut plantée la tente de Zeltheim…