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seconde patrie.

Un bon dîner, préparé par Betsie, Merry et Annah attendait les excursionnistes. Il fut servi sous l’ombre des arbres, au bord du rio, dont les eaux vives murmuraient sur un lit sablonneux semé de plantes aquatiques. On fit honneur à ce repas que la conversation prolongea jusqu’à neuf heures du soir.

Puis chacun regagna son cadre à bord de l’Élisabeth, et là, du côté des hommes, retentit bientôt un concert de ronflements sonores à rivaliser avec les hurlements des chacals.

Il avait été décidé que la pinasse partirait dès le commencement du jusant, c’est-à-dire vers une heure du matin, afin de mettre à profit toute la durée de la marée descendante. Le temps du sommeil serait donc limité. Mais les passagers se rattraperaient la nuit prochaine, soit pendant une relâche à la baie de la Licorne, soit à Felsenheim, si l’Élisabeth y arrivait dans les vingt-quatre heures.

Malgré les instances de ses fils et de M. Wolston, M. Zermatt avait voulu rester sur le pont, s’engageant à les réveiller à l’heure dite. Il ne fallait jamais se départir d’une certaine prudence. La nuit venue, les fauves, qui ne se sont pas montrés durant le jour, quittent volontiers leurs tanières, attirés vers les cours d’eau par le besoin de se désaltérer.

À une heure, M. Zermatt appela M. Wolston, Jack et Ernest. En ce moment, le premier clapotis du jusant commençait à se faire