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seconde patrie.

entendre. Une légère brise soufflait de terre. Les voiles furent hissées, amurées, bordées, et la pinasse s’abandonna à la double action du courant et du vent.

La nuit, très claire, fourmillait d’étoiles qui semblaient suspendues comme une neige dans l’espace. La lune, presque en pleine syzygie, retombait lentement vers l’horizon du nord.

Le cours de la Montrose n’offrant aucun obstacle, il n’y avait qu’à tenir le milieu de son lit. Aussi, l’appareillage terminé, la voilure en place, suffirait-il d’être à deux pour la manœuvre. M. Wolston se mit à la barre, tandis que Jack se postait à l’avant. M. Zermatt et Ernest purent donc, l’un aller prendre, l’autre reprendre un peu de repos.

Au total, ce repos ne serait pas de longue durée. En effet, dès quatre heures du matin, alors que l’est se nuançait des premières lueurs de l’aube, l’Élisabeth vint retrouver près de l’embouchure de la Montrose son mouillage de la veille.

Rien n’avait troublé cette navigation nocturne, bien que des grognements d’hippopotames fussent entendus à mi-route. On sait, d’après le récit du voyage de Fritz sur la rivière Orientale, que la présence de ces monstrueux amphibies s’était déjà signalée dans les cours d’eau de l’île.

Comme le temps était superbe, la mer belle, il fut décidé que la pinasse profiterait immé-