Page:Verne - Seconde Patrie, 1900.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

226
seconde patrie.

carbonique, ils se transformeraient en chaux. Donc, lorsque le temps le permettrait, on s’occuperait de ce travail, et deux à trois mois suffiraient pour qu’il fût terminé à la satisfaction générale.

Avec le mois de juillet, au cœur de la saison pluvieuse sous cette latitude, les troubles atmosphériques redoublèrent d’intensité. Le plus souvent, il devint impossible de se hasarder au dehors. Les grains, les rafales, fouettaient le littoral avec une impétuosité dont on ne saurait avoir l’idée. C’était comme un acharnement de mitraille, lorsque la grêle s’y mêlait. La houle se soulevait en énormes lames déferlantes, dont le fracas se répercutait dans les creux de la côte. Que de fois leurs embruns, passant par-dessus la falaise, retombèrent en épaisses nappes au pied des arbres ! Il y eut certaines heures où, par la concordance du vent et de la marée, une sorte de mascaret se produisit, qui refoulait les eaux du ruisseau des Chacals jusqu’au pied de la chute. M. Zermatt ne fut pas sans inquiétude pour les champs voisins. Il fallut même couper la conduite qui reliait le ruisseau au lac des Cygnes, dont le trop-plein eût noyé les environs de Waldegg. La situation de la pinasse et de la chaloupe, au fond de la crique, inspira aussi des craintes. Maintes fois on dut s’assurer que les ancres tenaient bon et doubler les amarres, afin d’éviter tout choc avec les roches. De ce chef, il n’y eut en somme