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seconde patrie.

Suisse n’est point située sur la route des navires, et ces parages de l’océan Indien sont peu fréquentés…

— Eh !… fit Jack, je ne tiens pas tant que cela à ce qu’on la découvre, notre Nouvelle-Suisse !… Un bâtiment qui l’accosterait se hâterait d’en prendre possession !… S’il y plantait son pavillon, que deviendrait le nôtre ?… Et, comme à coup sûr ce ne serait pas un pavillon helvétique, puisque celui de la Suisse ne court pas précisément les mers, nous serions exposés à ne plus nous sentir chez nous…

— Et l’avenir… Jack… l’avenir ?… répondit Fritz.

— L’avenir ?… reprit Jack, ce sera la continuation du présent… et si tu n’es pas satisfait…

— Nous… peut-être… dit Fritz. Mais tu oublies Jenny… son père qui croit qu’elle a péri dans le naufrage de la Dorcas ?… Et ne doit-elle pas désirer de toute son âme d’être ramenée près de lui ?… Elle le sait là-bas, en Angleterre, et comment l’y rejoindre si quelque navire n’arrive pas un jour…

— C’est juste, » répondit Jack en souriant, car il devinait ce qui se passait dans le cœur de son frère.

Après quarante minutes de navigation, le kaïak vint accoster les basses roches de l’îlot du Requin.

Le premier soin de Fritz et de Jack devait être de le visiter à l’intérieur, puis d’en faire le