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la Terre-Promise, et l’on sait s’il avait suffi à leur assurer l’existence et même le bien-être. Aussi, indépendamment de l’inquiétude que devait lui inspirer l’absence de quelques-uns des siens, Mme Zermatt, sans trop se l’expliquer, était-elle portée à croire que les conséquences de cette excursion seraient plutôt regrettables.

Et, ce soir-là, lorsque M. Zermatt l’eut rejointe dans leur chambre, elle s’en ouvrit à son mari, qui crut sage de lui répondre en ces termes:

« Chère amie, si nous étions encore dans les conditions où nous avons été depuis notre arrivée, je t’accorderais que cette exploration ne s’impose pas. Si même M. Wolston et sa famille avaient été jetés à la suite d’un naufrage sur notre île, je leur dirais : ce qui nous a suffi doit vous suffire, et il n’est pas nécessaire de se lancer à l’aventure, quand le profit n’est pas certain et lorsqu’il y a peut-être des dangers à courir… Mais la Nouvelle-Suisse possède à présent un statut géographique, et, dans l’intérêt de ses futurs colons, il importe que l’on connaisse son étendue, la disposition de ses côtes, quelles ressources elle peut offrir…

– Bien… mon ami… bien… répondit Mme Zermatt, mais cette exploration ne devrait-elle pas être faite par les nouveaux arrivants ?

– Évidemment, répondit M. Zermatt, il n’y aurait aucun inconvénient à attendre, et l’opération pourrait être entreprise dans des conditions meil-