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seconde patrie.


« Des sauvages sur notre île !… En un instant, je fus renversé, et je sentis deux genoux s’appuyer sur ma poitrine… Puis, on me lia les mains, on me fit relever, on me tint par les épaules, on me poussa en avant, et il me fallut marcher d’un pas rapide.

« Un de ces hommes s’était emparé de mon fusil, l’autre de ma gibecière… Il ne semblait pas qu’on en voulût à ma vie… à cette heure du moins…

« Toute la nuit, nous allâmes ainsi… En quelle direction, je ne parvenais pas à m’en rendre compte… Ce que je remarquai seulement, c’est que la futaie s’éclaircissait de plus en plus… La lumière de la lune arrivait jusqu’au sol, et, assurément, nous devions nous rapprocher de la côte…

« Ah ! je ne songeais guère à moi, mes chers parents, mes chers amis !… Je songeais à vous, aux dangers qui résultaient de la présence de ces naturels sur notre île !… Ils n’auraient qu’à remonter le littoral jusqu’à la rivière Montrose et à la franchir pour atteindre le cap de l’Est, et redescendre à Felsenheim !… S’ils y arrivaient avant que la Licorne fût de retour, vous ne seriez pas en force pour les repousser !…

– Mais ne viens-tu pas de dire, Jack, demanda M. Zermatt, que ces sauvages devaient être fort éloignés de la Terre-Promise ?…

– En effet, mon père, à cinq ou six lieues dans le sud de la Montrose… donc à une dizaine d’ici…