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seconde patrie.

pête que le Landlord, sur lequel avait embarqué M. Zermatt, s’était écarté de sa route au milieu le cette vaste mer. Vraisemblablement poussé vers le sud, plus que ne comportait sa route, bien au delà de Batavia, son port de destination, il vint s’échouer sur un amas de roches, à deux lieues environ de la côte.

M. Zermatt était un homme intelligent et instruit, Betsie une femme courageuse et dévouée. Leurs enfants présentaient des dissemblances de caractère : Fritz, intrépide et adroit. Ernest, le plus sérieux et le plus studieux des quatre, mais un peu personnel, Jack, très irréfléchi et très espiègle, François, presque encore un baby. C’était, en somme, une famille très mie, capable de se tirer d’affaire même dans ses terribles circonstances où la mauvaise fortune venait de la précipiter. D’ailleurs un profond sentiment religieux les animait tous. Ils possédaient cette foi simple et sincère du chrétien qui ne discute pas les enseignements de l’Église, et dont aucune doctrine ne peut trouver les croyances.

Pour quelle raison M. Zermatt, ayant réalisé ses quelques biens de la famille, avait-il quitté le canton d’Appenzell, son pays natal ? C’est que son intention était de se fixer dans l’une de ces possessions hollandaises d’outre-mer, alors en pleine prospérité, et si généreuses aux hommes l’action et de travail. Or, après une heureuse navigation à travers l’Atlantique et la mer des