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seconde patrie.

depuis que la mauvaise fortune s’est déclarée contre nous !… Oui ! j’ai un remords de t’avoir exposée à la partager avec moi !…

– Cette mauvaise fortune, répondit Jenny, tu ne dois pas la craindre !… Un homme de ton courage, Fritz, un homme de ton énergie, doit-il s’abandonner au désespoir ?…

– Laisse-moi achever ce que je désirais te dire, Jenny… Là-bas, un jour, la Licorne a paru sur les parages de la Nouvelle-Suisse… Elle est repartie, et nous a conduits en Europe… Depuis lors, le malheur n’a cessé de te frapper… Le colonel Montrose était mort sans avoir revu sa fille…

– Mon pauvre père !… dit Jenny, en donnant libre cours à sa douleur. Oui ! cette joie lui a été refusée de me presser entre ses bras, de récompenser mon sauveur en mettant ma main dans la sienne… Dieu ne l’a pas voulu, Fritz, et il faut se soumettre…

– Eh bien, chère Jenny, reprit Fritz, quoi qu’il en soit, tu étais de retour en Angleterre… tu avais revu ton pays… tu pouvais y rester près d’une parente… y trouver la tranquillité… le bonheur…

– Le bonheur… sans toi, Fritz ?…

– Et alors, ma Jenny, tu n’aurais plus couru de nouveaux périls, après tous ceux auxquels tu avais échappé par miracle… Et, cependant, tu as consenti à me suivre pour retourner dans notre île…