Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

106
seconde patrie.

deux jours, à la date du 27 octobre, l’embarcation quitterait son mouillage afin de longer le littoral. S’il se fût agi d’une excursion de quelques jours, tous auraient pris passage dans la chaloupe. Mais, en vue d’une reconnaissance sommaire, mieux vaudrait n’en charger que le capitaine, Fritz et le bosseman. Ils suffiraient à manœuvrer l’embarcation et ne s’éloigneraient pas au nord plus qu’il ne serait nécessaire. Si ce littoral ne limitait qu’un îlot isolé, qui ne mesurait que deux ou trois lieues de circonférence, ils en feraient le tour, et seraient revenus après une absence de vingt-quatre heures.

Il est vrai, cette séparation, si courte qu’elle dût être, ne laisserait pas d’inquiéter. James Wolston et sa femme, François, Jenny et Doll ne verraient pas partir leurs compagnons sans un serrement de cœur. Savait-on à quelles éventualités ils s’exposaient ?… Et s’ils étaient attaqués par les sauvages… et s’ils tardaient à revenir… et s’ils ne revenaient pas ?…

Jenny fit valoir ces arguments avec l’énergie qu’elle mettait dans toutes ses pensées comme dans tous ses actes. Elle demanda qu’on n’ajoutât pas à tant d’appréhensions celles qui naîtraient d’une absence dont la durée pouvait se prolonger. Fritz comprit ces raisons, Harry Gould les adopta, et, finalement, il fut convenu que tous prendraient part à la reconnaissance projetée.

Cette décision résolue à la satisfaction géné-