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seconde patrie.

rale, John Block eut à s’occuper de mettre la chaloupe en état. Non point qu’elle exigeât des réparations, car elle avait peu souffert depuis son abandon en mer, mais il convenait de l’aménager pour le cas où il y aurait lieu de poursuivre la navigation jusqu’à quelque autre terre du voisinage. Aussi le bosseman s’ingénia-t-il à la rendre plus confortable en fermant le tillac de l’avant, afin que les passagères, tout au moins, fussent à l’abri des rafales et des coups de houle.

Il n’y avait donc plus qu’à attendre et à s’approvisionner aussi en vue d’une traversée qui s’allongerait peut-être. D’ailleurs, s’il fallait quitter définitivement la baie des Tortues, la prudence commandait de le faire sans retard, de mettre à profit la belle saison, presque à son début en ces régions de l’hémisphère méridional. Comment ne pas s’épouvanter à la pensée d’un hivernage ?… Certes, la caverne offrait un abri sûr contre les tempêtes du sud qui sont terribles en ces parages du Pacifique… Le froid, on pourrait le braver sans doute, car le combustible ne ferait pas défaut, grâce à l’énorme amoncellement des plantes marines au pied de la falaise… mais les tortues ne finiraient-elles pas par manquer ?… En serait-on réduit aux seuls produits de la mer ?… Et la chaloupe, où la mettre en sûreté, hors d’atteinte des lames qui devaient déferler pendant la saison d’hiver jusqu’au fond de la grève ?… La pourrait-on