Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

119
seconde patrie.

soit pas sauvé !… Non, il ne peut le vouloir… et son salut, c’est le nôtre !… Je vous en prie, pas de faiblesse, pas de larmes… Soyez confiantes comme je le suis, comme je l’ai toujours été dans la Providence ! »

Ainsi parla Jenny, et ce qu’elle disait lui venait d’un cœur résolu. C’était son âme intrépide qui lui inspirait ces choses, et, quoi qu’il arrivât, elle ne désespérerait pas. Si la mauvaise saison s’ouvrait avant que les naufragés eussent quitté cette côte, – et comment à moins qu’un navire ne les y recueillît ? – on prendrait des dispositions pour un hivernage. La grotte offrait un abri sûr contre les gros temps… L’amas des plantes marines fournirait du combustible contre le froid… La pêche, la chasse même suffiraient sans doute à procurer la nourriture… Dans ces conditions, il était permis de garder quelque espoir…

Et, tout d’abord, il importait de savoir si les craintes de John Block relativement aux chéloniens étaient fondées. Non… par bonheur. Après une heure d’absence, le bosseman et François revinrent avec leur charge habituelle de tortues, qui avaient trouvé refuge sous le tas de varechs. Par exemple, pas un seul œuf.

« Mais elles pondront, les bonnes bêtes, déclara John Block, et répondront à la confiance que nous avons en elles ! »

On ne put s’empêcher de sourire à cette plaisanterie du bosseman.