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seconde patrie.


Quelquefois, par exemple, après s’être élevé le long du promontoire, il allait se percher sur la crête de la falaise en poussant de petits cris.

« Hein ! disait alors le bosseman, il nous invite à monter !… Si seulement il pouvait me prêter ses ailes, je me chargerais bien de voler jusque-là… et de voir de l’autre côté… Il est vrai, ce côté-là ne vaut probablement pas mieux que celui-ci, mais enfin on serait fixé !… »

Fixé !… Ne l’était-on pas depuis que Fritz n’avait aperçu au delà du morne que les mêmes roches arides, les mêmes infranchissables hauteurs ?

Un des meilleurs amis de l’albatros fut le petit Bob. La camaraderie s’établit promptement entre l’enfant et l’oiseau. Ils jouaient sur le sable. Pas à craindre de taquineries de la part de l’un, ni coups de bec de la part de l’autre. Lorsqu’il faisait mauvais temps, tous deux rentraient dans la grotte, où l’albatros avait son coin qu’il occupait chaque soir.

Enfin, sauf cet incident, qui n’autorisait aucune hypothèse, rien ne vint tirer le capitaine Gould et ses compagnons de cette monotone existence.

Toutefois la prudence exigeait que l’on songeât sérieusement à l’éventualité d’un prochain hivernage. À moins d’une de ces très heureuses chances auxquelles les naufragés n’étaient pas habitués, ils auraient à subir quatre ou cinq mois de mauvaise saison. À cette latitude, au