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seconde patrie.


– Je le sais… répondit Harry Gould, mais je sais aussi que Borupt avait intérêt à entraîner le Flag vers les mers du Pacifique ! De quel côté a soufflé le vent pendant les huit jours de notre séquestration, dans la cale, il m’a bien semblé, et à toi aussi, que c’était de l’ouest…

– J’en conviens, répondit le bosseman, et, pourtant, cet albatros… Est-il venu de près ?… Est-il venu de loin ?…

– Et quand cela serait, Block, quand nous nous serions trompés sur le gisement de cet îlot, s’il ne se trouvait qu’à quelques lieues de la Nouvelle-Suisse, n’est-ce pas comme s’il en était à des centaines, puisque nous ne pouvons pas le quitter ! »

La conclusion du capitaine Gould n’était, hélas ! que trop juste. D’ailleurs tout donnait à croire que le Flag avait dû se diriger vers les mers du Pacifique, loin, bien loin des parages de la Nouvelle-Suisse. Et pourtant, ce que pensait John Block, d’autres le pensaient également. On le répète, il semblait que l’oiseau de la Roche-Fumante eût apporté quelque espoir avec lui.

Inutile de dire que l’oiseau, promptement revenu de ses fatigues, ne se montrait ni craintif ni farouche. L’apprivoiser fut très aisé, et il ne tarda pas à parcourir la grève, se nourrissant de baies de varechs ou de poissons qu’il pêchait adroitement, sans manifester aucune envie de s’envoler.