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seconde patrie.


Et, cependant, quand le capitaine Gould, John Block, Fritz furent revenus, il leur sembla qu’ils étaient plus enfermés que jamais sur cette grève !

Les jours suivants, le temps, qui avait été très beau jusqu’alors, indiqua quelque tendance à se modifier. Le ciel s’obscurcit de nuages assez légers qui ne tardèrent pas à s’épaissir. Cette fois, c’est par-dessus le plateau supérieur que les poussait une brise du nord, qui, dans la soirée du 22 janvier, s’accentua et souffla en grand frais.

Cette direction ne donnait rien à craindre pour la baie des Tortues. Sous l’abri de la falaise, elle ne serait point exposée aux coups de houle, comme à l’époque de cette furieuse tempête qui avait occasionné la perte de la chaloupe. La mer demeurerait calme le long du rivage, elle ne ressentirait les poussées du vent qu’à une grande demi-lieue au large, et il n’y aurait rien à en redouter, lors même qu’il se déchaînerait un ouragan.

Un fort orage se déclara dans la nuit du 22 au 23. Vers une heure du matin, tous furent brusquement réveillés par un coup de tonnerre tel qu’une pièce d’artillerie, tirée à l’entrée de la grotte, ne l’eût pas emplie d’un fracas plus formidable.

Fritz, François, le bosseman, sautant hors de leurs réduits, se précipitèrent vers l’entrée.

« La foudre est tombée près d’ici… dit François.