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seconde patrie.


– N’en peut-on rien sauver ?… dit Fritz.

– C’est impossible », répondit le capitaine Gould.

Et les flammes se propageaient avec une telle rapidité qu’elles n’eussent pas permis de faire la part du feu, de mettre en sûreté ces amas qui formaient l’unique combustible des naufragés.

Certes, les apports de la mer étaient inépuisables. Il en reviendrait de ces goémons, de ces laminaires, mais que de temps il faudrait pour en réunir une telle quantité ! La marée montante n’en déposait que quelques brassées, deux fois par vingt-quatre heures. Ce qu’il y avait sur la plage, c’était l’œuvre de nombreuses années. Et qui sait si, pendant les quelques semaines précédant la mauvaise saison, le flot en aurait ramené assez pour les besoins de l’hivernage ?…

Or, en moins d’un quart d’heure, la ligne de feu eut cerné le pourtour de la grève, et, sauf quelques tas le long du promontoire, il ne resta plus rien.

Ce nouveau coup de la mauvaise fortune aggravait la situation déjà si inquiétante.

« Décidément… ça ne va pas ! »

Et dans la bouche du bosseman, si confiant d’habitude, ces mots prenaient une exceptionnelle valeur.

Mais les murailles de cette prison ne s’écrouleraient donc pas pour permettre aux prisonniers de s’enfuir !…