Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

162
seconde patrie.


Lorsque le repas fut terminé, Fritz dit :

« Ma Jenny, je te demande de rester ici avec Mme Wolston et Doll… François voudra bien demeurer avec vous… Le capitaine Gould, John Block et moi, nous essayerons d’arriver au sommet de la falaise… Il n’y a pas à craindre de s’égarer… Nous vous retrouverons à cette place… Ce sera vous épargner des fatigues peut-être inutiles… »

Mais Jenny, qui fut appuyée par Doll et Suzan, pria si instamment son mari, qu’il dut retirer sa proposition, bien que Harry Gould l’eût approuvée.

À trois heures, le cheminement fut repris, et, dès le début, il y eut lieu de reconnaître que les difficultés devenaient de plus en plus grandes. Pente très raide, sol jonché d’éboulis qui rendaient l’ascension très pénible, pierres qui glissaient en rebondissant, Harry Gould et Fritz prenaient d’extrêmes précautions, maintenant que la gorge, largement ouverte, formait un ravin dont les talus se haussaient encore à deux ou trois cents pieds. Il fallait s’aider les uns les autres, se tirer par les bras. D’ailleurs, tout donnait à croire que le plateau serait atteint. Voici même que l’albatros, déployant ses ailes, s’éleva d’un bond comme pour inviter à le suivre… Et que ne pouvait-on l’accompagner dans son vol !…

Enfin, après des efforts inouïs, un peu avant cinq heures, tous étaient sur la falaise.