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seconde patrie.

vire en vue, se disant qu’un feu allait peut-être briller au large…

Déjà le soleil déclinait rapidement entre les nuages que le vent chassait du nord, et il y aurait au moins deux heures de marche au milieu d’une profonde obscurité pour atteindre la baie des Tortues…

Fritz reprit :

« Jenny, je t’en prie… va !… La journée de demain nous suffira sans doute… Nous serons de retour pour le soir… et s’il y a lieu de revenir… nous reviendrons… »

Jenny porta une dernière fois ses regards autour d’elle. Tous étaient levés, prêts à partir. Quant au fidèle albatros, il voltigeait de roche en roche, alors que les autres oiseaux, mouettes, goélands, macreuses, regagnaient, en poussant leurs derniers cris, les trous de la falaise.

La jeune femme comprenait bien qu’il fallait suivre le conseil de son mari, et, non sans regret :

« Partons… dit-elle.

– Partons », dit François.

Soudain, le bosseman se releva d’un bond, et, faisant de sa main un cornet, il tendit l’oreille dans la direction du nord.

Une détonation, très assourdie par la distance, venait de se faire entendre.

« Un coup de canon ! » s’écria John Block.