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seconde patrie.

profondément entaillée que les deux autres. Le bras de mer qui y donnait accès se terminait par deux caps lointains, dont l’un s’appuyait à un promontoire assez élevé.

Au large, aucune autre terre… Pas une voile ne se gonflait à l’horizon.

En redescendant vers le sud, le regard était arrêté à deux lieues environ par l’extrême crête de cette falaise qui fermait la baie des Tortues.

Quel contraste entre l’aride région que le capitaine Gould et ses compagnons venaient de parcourir et celle qui s’étendait sous leurs yeux ! Ce qu’ils voyaient, c’était une campagne fertile et variée, ici en forêts, là en plaine, présentant partout cette végétation exubérante des zones tropicales !… D’ailleurs, nulle part, ni hameau, ni village, ni habitation…

Et alors, un cri… un cri de révélation soudaine qu’il n’aurait pu retenir, s’échappa de la poitrine de Fritz, tandis que ses bras se tendaient vers le nord :

« La Nouvelle-Suisse !…

– Oui… la Nouvelle-Suisse… s’écria François à son tour.

– La Nouvelle-Suisse ! » répétèrent d’une voix brisée par l’émotion Jenny et Doll.

Ainsi, devant eux, au delà de cette forêt, au delà de ces prairies, c’était la barrière rocheuse qu’ils apercevaient, le rempart où s’ouvrait le défilé de Cluse sur la vallée de Grünthal !… Au delà, c’était la Terre-Promise, ses bois, ses mé-