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seconde patrie.


Par un heureux hasard, Jenny venait de découvrir quantité de ces racines qui se cuisent sous la cendre. De nature à satisfaire des estomacs affamés, elles compléteraient fort agréablement le menu de ce déjeuner.

Or, rien n’est plus délicat que la chair de l’antilope, à la fois parfumée et tendre, et ce fut un vrai régal pour tout le monde.

« Que c’est bon, s’écria John Block, de manger enfin de la viande sérieuse, qui a marché de son vivant… au lieu de ramper lourdement sur le sol !…

– Ne disons pas de mal des tortues, répliqua le capitaine, même pour célébrer les mérites de l’antilope.

– Monsieur Gould a raison, ajouta Jenny. Sans ces excellentes bêtes, qui nous ont nourris depuis notre arrivée sur l’île, que serions-nous devenus ?…

– Alors, vivent les tortues ! cria le bosseman, mais redonnez-moi une troisième côtelette. »

Ce réconfortant repas terminé, on se remit en route. Il n’y avait pas une heure à perdre pour que l’étape de l’après-midi complétât la moyenne de quatre lieues à la journée.

Assurément, si Fritz et François eussent été seuls, ils n’auraient pas compté avec la fatigue. C’eût été tout d’une traite, en marchant la nuit, qu’ils se fussent dirigés vers le défilé de Cluse. Peut-être même en eurent-ils l’idée, et c’était bien tentant, puisque, dans l’après-midi du len-