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Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/273

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seconde patrie.

tirer les émigrants en aussi grand nombre que le comportaient les ressources de la Nouvelle-Suisse !…

Oui, tous avaient sagement agi… Et qui eût prévu que la corvette ne reviendrait pas de ce voyage et que l’on dût renoncer à espérer son retour !…

Cependant y avait-il à se dire que tout fût irrémédiablement perdu ?… Ne pouvait-on s’expliquer ce retard de la Licorne autrement que par un naufrage où elle aurait péri corps et biens?… Peut-être avait-elle prolongé son séjour en Europe ?… Peut-être fallait-il aller guetter son arrivée au large du cap de l’Espoir-Trompé ou du cap de l’Est… Peut-être ne tarderait-on pas à voir se dessiner ses hautes voiles et se dérouler la longue flamme de son grand mât ?…

Ce fut dans la seconde semaine de janvier de cette année funeste, que Jack aperçut une flottille de pirogues, au moment où elle doublait la pointe du cap de l’Est, en se dirigeant vers la baie du Salut. D’ailleurs, il n’y avait point lieu d’être surpris de cette apparition, puisque, depuis que Jack était tombé entre leurs mains, les sauvages ne devaient plus ignorer que cette île fût habitée…

Quoi qu’il en soit, avant deux heures, poussées par le flot, les pirogues auraient atteint l’embouchure du ruisseau des Chacals. Probablement montées par une centaine d’hommes,