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seconde patrie.

car toute la bande débarquée sur l’île avait dû prendre part à cette expédition, comment pourrait-on leur opposer une sérieuse résistance ?… Convenait-il de se réfugier à Falkenhorst, à Waldegg, à Prospect-Hill, à Zuckertop, même à l’ermitage d’Eberfurt ?… Les familles y seraient-elle plus en sûreté ?… Dès qu’ils auraient mis le pied sur ce riche domaine de la Terre-Promise, les envahisseurs sauraient bien le parcourir tout entier !… Faudrait-il enfin chercher un abri plus secret dans les régions inconnues de l’île, et aurait-on la certitude de n’y être pas découvert ?…

Ce fut en ces circonstances que M. Wolston proposa d’abandonner Felsenheim pour l’îlot du Requin. En s’embarquant dans la chaloupe derrière la pointe de la baie du Salut, en longeant le rivage de Falkenhorst, peut-être atteindrait-on l’îlot avant l’arrivée des pirogues ?… Là, du moins, sous la protection des deux caronades de la batterie, il y aurait possibilité de se défendre, si les naturels tentaient de prendre pied sur l’îlot.

D’ailleurs, si le temps manquait pour transporter le matériel et les provisions nécessaires à un long séjour, le magasin, pourvu de lits, pouvait loger les deux familles. En outre, M. Zermatt chargerait la chaloupe des objets de première nécessité. De plus, on ne l’ignore pas, l’îlot du Requin, planté de mangliers, de cocotiers et autres arbres, servait de parc à un