Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

276
seconde patrie.

le magasin, Jack, Ernest, François, John Block, le fusil en bandoulière, gagnèrent l’extrémité nord de l’îlot. Quant à Fritz et au capitaine Gould, ils gravirent le monticule, et s’installèrent sous le hangar, leur faction devant durer jusqu’au lever du soleil.

M. Wolston, M. Zermatt et James restèrent dans le magasin où il leur serait loisible de dormir jusqu’à l’aube.

La nuit était sombre, sans lune. L’espace s’emplissait des vapeurs que lui restituait la terre échauffée par les chaleurs du jour. La brise venait de tomber avec le soir. Un profond silence régnait. On n’entendait plus que le ressac de la marée montante, qui s’était fait sentir vers huit heures.

Harry Gould et Fritz, assis l’un près de l’autre, reportaient leurs souvenirs sur tous ces événements heureux ou malheureux qui s’étaient succédé depuis l’abandon du Flag. De temps en temps, l’un ou l’autre sortait, et, contournant le plateau de la batterie, dirigeait ses regards plus particulièrement vers le sombre bras de mer compris entre les deux caps.

Rien n’avait troublé cette profonde solitude jusqu’à deux heures après minuit, lorsque le capitaine et Fritz furent tirés de leur causerie par le bruit d’une détonation.

« Un coup de feu !… dit Harry Gould.

– Oui… et il a été tiré de ce côté, répondit Fritz, en indiquant le nord-est de l’îlot.