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seconde patrie.

la Licorne, cinglant vers l’ouest, redescendit au sud en laissant sur tribord l’îlot de la Roche-Fumante. Avant de perdre de vue la Nouvelle-Suisse, il entrait dans la pensée du lieutenant Littlestone d’en reconnaître la côte orientale, de s’assurer que c’était bien une île isolée sur ces parages, d’évaluer approximativement l’importance d’une colonie qui ne tarderait pas à prendre rang dans le domaine insulaire de la Grande-Bretagne. Cette reconnaissance effectuée, la corvette, servie par une bonne brise, laissa dans le nord-ouest l’île dont on n’avait que vaguement entrevu au milieu des brumes la partie méridionale.

Les premières semaines de navigation furent favorisées. Les passagers et les passagères de la Licorne n’eurent qu’à se féliciter des conditions atmosphériques, non moins que du bon accueil dont ils furent l’objet de la part du commandant et de ses officiers. Lorsqu’ils étaient réunis à la table du carré ou sous la tente de la dunette, la conversation portait d’ordinaire sur les merveilles de cette Nouvelle-Suisse. Et on la reverrait avant un an, si la corvette ne subissait aucun retard ni au cours de sa double traversée ni du fait des autorités anglaises.

Fritz et Jenny, dans leurs causeries quotidiennes, parlaient surtout du colonel Montrose, de l’immense joie qu’il aurait en pressant dans ses bras cette fille qu’il n’espérait plus revoir. Depuis trois années on était sans nouvelles de