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seconde patrie.

pensée que si son père n’était pas en Angleterre, lorsqu’elle y arriverait, c’est que la mort le lui aurait ravi !…

Mais aussi quelle désolation et quelle douleur pour Fritz ! Il n’attendait que le consentement du colonel Montrose pour épouser Jenny, et le colonel Montrose n’était plus de ce monde…

Quelques jours après, dans un entretien mêlé de larmes et de regrets, Jenny lui tint ce langage :

« Fritz, mon cher Fritz, nous venons d’éprouver le plus grand des malheurs, vous et moi. Si rien n’est changé à vos dispositions…

– Oh ! ma chère Jenny !… s’écria Fritz.

– Oui, je sais, répéta Jenny, et mon père eût été heureux de vous appeler son fils… Par ce que je connaissais de son affection pour moi, je ne doute pas qu’il eût voulu nous suivre et partager notre existence dans la nouvelle colonie anglaise… Mais il me faut renoncer à ce bonheur !… Maintenant je suis seule au monde, et je ne dépends plus que de moi-même !… Seule… non !… Vous êtes là, Fritz…

– Jenny, dit le jeune homme avec l’accent de la plus vive tendresse, toute ma vie sera consacrée à votre bonheur…

– Comme la mienne au vôtre, mon cher Fritz. Mais puisque mon père n’est plus là pour nous donner son consentement, puisque je n’ai plus de parents directs, puisque je n’aurai plus d’autre famille que la vôtre…