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seconde patrie.

senta aucune particularité. L’état de la mer, l’orientation du vent, bien qu’il ne soufflât qu’en petite brise, l’avaient assez favorisée. Il suffisait que le trois-mâts se maintînt à cette moyenne de vitesse pour avoir rallié les parages de la Nouvelle-Suisse vers la mi-octobre, c’est-à-dire dans les délais prévus.

Alors, il y eut lieu de reconnaître que des symptômes d’insubordination se manifestaient parmi l’équipage. Il semblait même que le relâchement de la discipline fût entretenu par le second et le troisième officier au mépris de tous leurs devoirs. Robert Borupt, poussé par sa nature jalouse et perverse, ne prenait aucune mesure pour enrayer le désordre. Bien au contraire, il l’autorisait par des propos indignes de ses fonctions, une faiblesse voulue envers les hommes, évitant de sévir, fermant les yeux sur des actes répréhensibles. Bref, on sentait peu à peu s’organiser la révolte.

Cependant le Flag continuait à gagner vers le nord-est. À la date du 19 septembre, le point ayant donné 20°17’ en latitude et 80°45’ en longitude, il se trouvait à peu près au milieu de l’océan Indien, sur la limite du tropique du Capricorne qu’il allait franchir.

Pendant la nuit précédente, des menaces de mauvais temps s’étaient produites, baisse brusque du baromètre, formation de nuages orageux, autant d’indices de ces redoutables tempêtes qui désolent trop souvent ces mers.