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seconde patrie.


Vers trois heures de l’après-midi, un grain se leva si subitement que le bâtiment fut sur le point d’engager. Grave éventualité pour un navire qui, après s’être couché sur le flanc, n’obéit plus au gouvernail et risque de ne pouvoir se relever qu’à la condition de couper sa mâture. Et alors, une fois désemparé, incapable d’opposer résistance aux lames en prenant la cape, il est livré à toutes les fureurs de l’Océan.

Inutile de dire que, dès le début de cette tempête, les passagers avaient dû se renfermer dans leur cabines, car le pont était balayé par les coups de mer. Seuls, Fritz et François étaient restés en haut afin de donner la main à l’équipage.

Dès les premiers instants, Harry Gould avait pris son poste sur le banc de quart, le bosseman à la barre, tandis que le second et le troisième officier veillaient sur le gaillard d’avant. L’équipage se tenait prêt à exécuter les ordres du capitaine, car il s’agissait de vie ou de mort. La plus légère erreur de manœuvre, alors que les lames déferlaient contre le Flag à demi couché sur bâbord, eût entraîné sa perte. Tous les efforts devaient tendre à le redresser, puis à orienter sa voilure de manière qu’il pût se mettre debout aux rafales.

Et pourtant, cette erreur fut commise, sinon volontairement, puisque le navire risquait de sombrer, mais sans doute par une fausse interprétation des ordres du capitaine, qu’un officier