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seconde patrie.


Enfin, c’était l’avenir, cela, et le présent offrait encore assez d’éventualités redoutables pour que l’on fût tout à lui.

Depuis l’instant où François avait signalé la terre, le bosseman s’appliquait à gouverner en direction du nord, ce qui ne laissait pas d’être difficile, faute d’une boussole. Le relèvement indiqué par François n’avait pu être qu’approximatif. Si les vapeurs se dissipaient, si l’horizon s’éclaircissait au moins dans sa partie septentrionale, il serait aisé de marcher vers la côte. Par malheur, l’épais rideau continuait à cacher cette ligne qui, pour des observateurs placés à la surface de la mer, devait être encore à quatre ou cinq lieues.

Cependant les avirons avaient été bordés. Fritz, François et James nageaient avec toute la vigueur dont ils étaient capables.

Mais, presque épuisés, ils ne pouvaient enlever cette chaloupe lourdement chargée, et il leur faudrait la journée entière pour franchir la distance qui les séparait du littoral.

Et plût au Ciel que le vent ne vînt pas contrarier leurs efforts ! Au total, mieux valait que le calme se maintînt jusqu’au soir. Avec brise de nord, l’embarcation eût été repoussée loin de ces parages…

À midi, c’est à peine si la route parcourue depuis le matin mesurait une lieue. D’ailleurs, le bosseman fut amené à croire qu’un courant portait dans le sens opposé. Peut-être n’était-ce