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Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/89

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seconde patrie.

velle-Suisse, où, sans la révolte de Robert Borupt et de l’équipage, le Flag serait arrivé dans les délais prévus ! Au lieu du bien-être de Felsenheim, qu’offrirait ce rivage inconnu ?…

En somme, ce n’était pas l’heure de s’attarder aux raisonnements et aux hypothèses. La nuit, assez obscure, ne permettait pas de rien distinguer, sauf une grève fermée au fond d’une haute falaise et, latéralement, par un épaulement rocheux. Aussi, dans ces conditions, on convint de demeurer à bord jusqu’au lever du soleil. Fritz et le bosseman resteraient de quart jusqu’au matin. Il était possible que cette côte fût fréquentée par des indigènes, et il importait de veiller avec soin. Que ce fût continent australien ou île du Pacifique, la prudence commandait de se tenir sur ses gardes, et, en cas d’agression, il y aurait lieu de fuir au large.

Jenny, Doll et Suzan reprirent donc leur place près du capitaine Gould, qui savait que la chaloupe avait enfin accosté. François et James s’étendirent entre les bancs, prêts à se relever au premier appel du bosseman. Mais, à bout de forces, ils ne tardèrent pas à succomber au sommeil.

Fritz et John Block vinrent s’asseoir à l’arrière, et s’entretinrent à voix basse.

« Nous voici donc au port, monsieur Fritz, dit le bosseman, et je savais bien que nous finirions par l’atteindre… À proprement parler, si ce n’est point dans un port que nous sommes,