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seconde patrie.

dont on ne peut se nourrir, la chasse dans les forêts et les plaines de l’intérieur viendra compléter la pêche… Il est vrai, sans fusils…

– Ces misérables, Block, qui ne nous ont pas même laissé une arme à feu !

– Ils ont bien fait… dans leur intérêt, s’entend !… répliqua le bosseman. Avant de démarrer, je n’aurais pas résisté à l’envie de casser la tête à ce coquin de Borupt… à ce traître…

– Traîtres aussi, ajouta Fritz, ceux qui sont devenus ses complices !…

– Une trahison qu’ils paieront un jour ou l’autre, déclara John Block.

– Vous n’avez rien entendu, bosseman ?… demanda Fritz en prêtant l’oreille.

– Non… ce bruit, c’est celui du clapotis le long de la grève… Jusqu’ici, rien de suspect, et, bien qu’il fasse noir comme à fond de cale, j’ai de bons yeux…

– Ne les fermez pas un instant, Block, et tenons-nous prêts à tout…

– L’amarre est parée à larguer, répondit le bosseman. Au besoin, il n’y aura qu’à prendre les avirons, et, d’un coup de gaffe, je me charge d’envoyer la chaloupe à vingt pieds des roches.»

Cependant, à plusieurs reprises, Fritz et le bosseman furent mis en éveil. Il leur semblait entendre une sorte de reptation sur le sable de la plage ; mais, en somme, ils n’eurent point sujet de s’alarmer sérieusement.