Cette lettre, envoyée par la Marine, en contenait une autre, qui était datée de Christiansand, petit port situé à l’entrée du golfe de Christiania. Sans doute, elle n’apprit rien de nouveau à Sylvius Hog, car il la serra dans sa poche et n’en parla ni à Joël ni à sa sœur.
Seulement, au moment de se retirer dans sa chambre en leur donnant le bonsoir, il dit :
« Vous le savez, mes enfants, c’est dans trois jours que sera tirée la loterie. Est-ce que vous ne comptez pas assister à ce tirage ?
– À quoi bon, monsieur Sylvius ? répondit Hulda.
– Cependant, reprit le professeur, Ole a voulu que sa fiancée y assistât ; il en a fait l’expresse recommandation dans les dernières lignes qu’il a écrites, et je pense qu’il faut obéir aux dernières volontés de Ole.
– Mais ce billet, Hulda ne l’a plus, répondit Joël, et qui sait entre quelles mains il est allé !
– N’importe, répondit Sylvius Hog. Je vous demande donc à tous deux de m’accompagner à Christiania.
– Vous le voulez, monsieur Sylvius ? répondit la jeune fille.
– Ce n’est pas moi, chère Hulda, c’est Ole qui le veut, et il faut obéir à Ole.
– Sœur, monsieur Sylvius a raison, répondit Joël. Oui ! il le faut !
– Quand comptez-vous partir, monsieur Sylvius ?
– Demain, dès l’aube, et que saint Olaf nous protège ! »
XVI
Le lendemain, la kariol du contremaître Lengling emportait Sylvius Hog et Hulda, assis côte à côte dans la petite caisse peinturlurée. On le sait, il n’y avait pas de place pour Joël. Aussi le brave garçon allait-il à pied, près du cheval, qui secouait gaiement la tête.