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un billet de loterie.

Quant à Sylvius Hog, peut-être avaient-ils espéré le rencontrer par la ville. Il n’en fut rien. Mais quelques mots, surpris dans les conversations, leur apprirent que le retour du professeur à Christiania était déjà connu du public. Depuis le matin, on l’avait vu marcher d’un air très affairé, en homme qui n’a point le temps de questionner ni de répondre, tantôt du côté du port, tantôt du côté des bureaux de la Marine.

Certes, Joël aurait pu demander à n’importe quel passant où demeurait le professeur Sylvius Hog. Chacun se fût empressé de lui indiquer sa maison et de l’y conduire. Il ne le fit pas par crainte d’être indiscret, et, puisque rendez-vous était donné à l’hôtel, le mieux était de s’en tenir là.

C’est ce que Hulda pria Joël de faire vers dix heures et demie. Elle se sentait très lasse, et tous ces propos, auxquels son nom était mêlé, lui faisaient mal.

Elle rentra donc à l’Hôtel Victoria, puis remonta dans sa chambre pour y attendre le retour de Sylvius Hog.

Quant à Joël, il était resté au rez-de-chaussée de l’hôtel, dans le salon de lecture. Là, machinalement, il occupa son temps à feuilleter les journaux de Christiania.

Tout à coup, sa figure pâlit, son regard se troubla, le journal qu’il tenait lui tomba des mains…

Dans un numéro du Morgen-Blad, aux nouvelles de mer, il venait de lire la dépêche suivante, datée de Terre-Neuve :

« L’aviso Telegraf, arrivé sur le lieu présumé du naufrage du Viken, n’en a retrouvé aucun vestige. Ses recherches sur la côte du Groënland n’ont pas eu plus de succès. On doit donc considérer comme certain qu’il ne reste aucun survivant de l’équipage du Viken. »