Page:Verne - Un billet de loterie - suivi de Frritt-Flacc, 1886.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
le numéro 9672.

Évidemment, le voyageur n’avait pas pris connaissance du livre qui avait été déposé dans sa chambre, car cela l’eût renseigné, au moins sur cette dernière question.

En effet, le livre était encore à la place où Hulda l’avait mis la veille, et le nom du voyageur ne s’y trouvait pas.

« Monsieur, dit alors dame Hansen, je ne comprends pas trop comment et pourquoi ces choses peuvent vous intéresser. Mais, si vous désirez savoir ce qui en est de nos affaires, rien de plus facile. Vous n’avez qu’à consulter le livre de l’auberge. Je vous prierai même d’y inscrire votre nom, selon l’habitude…

– Mon nom ?… Certes, j’y mettrai mon nom, dame Hansen !… Je le mettrai au moment où je prendrai congé de vous !

– Faut-il vous garder votre chambre ?

– C’est inutile, répondit le voyageur en se levant. Je vais partir après déjeuner, afin d’être de retour à Drammen demain soir.

– À Drammen ?… dit vivement dame Hansen.

– Oui ! Ainsi, faites-moi servir à l’instant.

– Vous demeurez à Drammen ?

– Oui ! Qu’y a-t-il d’étonnant, s’il vous plaît, à ce que je demeure à Drammen ? »

Ainsi donc, après avoir passé à peine une journée à Dal ou plutôt dans l’auberge, ce voyageur s’en retournait sans avoir rien vu du pays ! Il ne poussait pas plus loin dans le bailliage ! Du Gousta, du Rjukanfos, des merveilles de la vallée du Vestfjorddal, il ne se souciait en aucune façon ! Ce n’était pas pour son plaisir, c’était pour ses affaires qu’il avait quitté Drammen, où il demeurait, et il semblait qu’il n’avait eu d’autre motif que de visiter en détail la maison de dame Hansen.

Hulda vit bien que sa mère était profondément troublée. Dame Hansen était allée se placer dans le grand fauteuil, et, repoussant son rouet, elle resta immobile, sans prononcer une parole.

Cependant le voyageur venait de passer dans la salle à manger et s’était mis à table.