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un billet de loterie.

Du déjeuner, aussi soigné que l’avait été le dîner de la veille, il ne parut pas plus satisfait. Et, pourtant, il mangea bien et but de même, sans se presser. Son attention semblait se porter plus spécialement sur la valeur de l’argenterie – luxe auquel tiennent les campagnards de la Norvège – quelques cuillers et fourchettes qui se transmettent de père en fils et que l’on garde précieusement avec les bijoux de famille.

Pendant ce temps, le skydskarl faisait ses préparatifs de départ dans la remise. À onze heures, le cheval et la kariol attendaient devant la porte de l’auberge.

Le temps était toujours peu engageant, le ciel gris et venteux. Parfois la pluie cinglait le vitrail des fenêtres comme une mitraille. Mais le voyageur, sous sa grosse capote doublée de peau, n’était pas homme à s’inquiéter des rafales.

Le déjeuner terminé, il avala un dernier verre de brandevin, il alluma sa pipe, passa sa houppelande, rentra dans la grande salle, et demanda sa note.

« Je vais la préparer, répondit Hulda, qui alla s’asseoir devant un petit bureau.

– Faites vite ! dit le voyageur. En attendant, ajouta-t-il, donnez-moi le livre pour que j’inscrive mon nom. »

Dame Hansen se leva, alla chercher le livre et vint le poser sur la grande table.

Le voyageur prit une plume, regarda une dernière fois dame Hansen par-dessus ses lunettes. Et alors, d’une grosse écriture, il écrivit son nom sur le livre, qu’il referma.

En ce moment, Hulda lui apporta la note. Il la prit, il en examina les articles, en grommelant ; il en refit l’addition, sans doute.

« Hum ! fit-il. Voilà qui est cher ! Sept marks et demi pour une nuit et deux repas ?

– Il y a le skydskarl et le cheval, fit observer Hulda.

– N’importe ! Je trouve cela cher ! En vérité, je ne m’étonne pas si on fait de bonnes affaires dans la maison !