Page:Verne - Un billet de loterie - suivi de Frritt-Flacc, 1886.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
un billet de loterie.


– Mais vous alliez nous quitter, monsieur Sylvius, dit Hulda.

– Eh bien, je ne vous quitterai pas, ma chère fille ! Je suis libre de mes actions, je suppose, et, tant que je n’aurai pas tiré cette situation au clair, à moins qu’on ne me mette à la porte…

– Que dites-vous là ?

– Et tenez, j’ai bonne envie de rester à Dal jusqu’au retour de Ole ! Je voudrais le connaître, ce fiancé de ma petite Hulda ! Ce doit être un brave garçon – dans le genre de Joël.

– Oui ! tout comme lui !… répondit Hulda.

– J’en étais sûr ! s’écria le professeur, dont la belle humeur avait repris le dessus, à dessein, sans doute.

– Ole ressemble à Ole, monsieur Sylvius, dit Joël, et cela suffit pour qu’il soit un excellent cœur.

– C’est possible, mon brave Joël, et cela me donne encore plus le désir de le voir. Oh ! cela ne tardera pas ! Quelque chose me dit que le Viken va bientôt arriver !

– Dieu vous entende !

– Et pourquoi ne m’entendrait-il pas ? Il a l’oreille fine ! Oui ! je veux assister à la noce de Hulda, puisque j’y suis invité. Le Storthing en sera quitte pour prolonger mon congé de quelques semaines. Il l’aurait prolongé bien davantage, si vous m’aviez laissé tomber dans le Rjukanfos, comme je le méritais !

– Monsieur Sylvius, dit Joël, que c’est bon de vous entendre parler ainsi, et quel bien vous nous faites !

– Pas aussi grand que je le voudrais, mes amis ; puisque je vous dois tout, et que je ne sais…

– Non !… n’insistez plus sur cette aventure.

– Au contraire, j’insisterai ! Ah ! çà ! est-ce que c’est moi qui me suis tiré des griffes de la Maristien ? Est-ce moi qui ai risqué ma vie pour me sauver ? Est-ce moi qui me suis rapporté jusqu’à l’auberge de Dal ? Est-ce moi qui me suis soigné et guéri sans le secours de la Faculté ? Ah ! mais je suis entêté comme un cheval de kariol, je vous en préviens. Or, je me suis mis dans