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UN CAPITAINE DE QUINZE ANS

vait Dick Sand, quelle plume les pourrait rendre ! Il se demandait s’il ne pouvait pas faire plus que de donner sa vie pour ses bienfaiteurs, et il acceptait d’avance toutes les épreuves qui lui seraient imposées dans l’avenir.

Après cet entretien, Dick Sand se sentit plus fort. Que le vent devînt maniable, qu’il lui fût permis d’établir quelque voile, et il ne doutait pas de pouvoir diriger son navire vers un port où tous ceux qu’il portait trouveraient enfin le salut.

Le 29, le vent ayant un peu diminué, Dick Sand songea à rétablir la misaine et le hunier, par conséquent, à accroître la vitesse du Pilgrim en assurant sa direction.

« Allons, Tom ! allons, mes amis ! s’écria-t-il, lorsqu’il remonta sur le pont à la pointe du jour. Venez ! J’ai besoin de vos bras !

— Nous sommes prêts, capitaine Sand, répondit le vieux Tom.

— Prêts à tout, ajouta Hercule. Il n’y avait rien à faire pendant cette tempête, et je commençais à me rouiller !

— Il fallait souffler avec ta grande bouche, dit le petit Jack. Je parie que tu aurais été aussi fort que le vent !

— C’est une idée, Jack ! répondit Dick Sand en riant. Quand il y aura calme, nous ferons souffler Hercule dans les voiles !

À vos ordres, monsieur Dick ! répondit le brave noir, en enflant ses joues comme un gigantesque Borée.

— Maintenant, mes amis, reprit le novice, nous allons commencer par enverguer une voile de rechange, puisque notre hunier a été emporté dans la tourmente. Ce sera peut-être difficile, mais il faut que cela se fasse !

— Ça se fera ! répondit Actéon.

— Puis-je vous aider ? demanda le petit Jack, toujours disposé à la manœuvre.

— Oui, mon Jack, répondit le novice. Tu vas te mettre à la roue avec notre ami Bat, et tu l’aideras à gouverner. »

Si le petit Jack fut fier d’être aide-timonier du Pilgrim, il est superflu de le dire.

« Maintenant, à l’ouvrage, reprit Dick Sand, et, autant que possible, ne nous exposons pas. »

Les noirs, guidés par le novice, se mirent aussitôt à la besogne. Enverguer un hunier, cela présentait quelques difficultés pour Tom et ses compagnons. Il s’agissait de hisser d’abord la voile roulée sur elle-même, puis de la fixer à la vergue.